Dextrométhorphane, antitussif et drogue

Le dextrométhorphane (DXM), une substance apparentée aux opiacés qui sert contre la toux depuis une quarantaine d'années, est de plus en plus souvent consommé de manière abusive en Suisse, surtout par les adolescents. Des produits à base de dextrométhorphane sont en vente libre dans les pharmacies. A côté des médicaments enregistrés, on trouve aussi dans la rue des pilules contenant du DXM, mais là en doses beaucoup plus importantes (p. ex. triangle vert).

Cette tendance se manifeste au centre de toxicologie par une nette augmentation des appels concernant le DXM (graphique).

Le surdosage - indispensable pour atteindre l'effet psychotrope recherché - se manifeste en général, dans les cas qui nous ont été communiqués jusqu'ici, par des symptômes modérés du système nerveux central (somnolence, confusion, mouvements incoordonnés, agitation, plus rarement hallucinations). Assez fréquemment, on observe aussi un pouls accéléré, des pupilles élargies et des vomissements. A côté de ces effets toxiques relativement bénins, on a constaté dans quelques cas des évolutions graves avec coma, convulsions et hypertension massive. On a vu aussi un cas de dommages du tissu musculaire et une psychose.

La gravité de l'évolution dépend de la dose, avec toutefois une grande variabilité. Il se pourrait qu'une particularité génétique, présente chez environ 10 pourcent de la population suisse, et qui a pour effet de réduire le métabolisme de certains médicaments dont le DXM (polymorphisme CYP2D6), soit à l'origine du fait que certains patients développent des symptômes graves à des doses qui n'affectent que faiblement d'autres personnes.

On ne peut que déconseiller vivement l'absorption incontrôlée de DXM, du fait qu'à côté des effets désirés, on peut avoir affaire à des effets graves, et que la littérature médicale fait même état de cas exceptionnels mortels.
Christine Rauber-Lüthy
01.11.2014